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Combat autour du droit à l’avortement aux Etats-Unis

20 juin 2019 No Comments

« WE ARE NOT AFRAID OF DONALD TRUMP » scandaient les manifestantes de la grande Women’s March de 2018.

Pourtant l’actualité récente donne toutes les raisons de trembler : depuis quelques semaines les droits fondamentaux des femmes sont à nouveau menacés via le droit à l’avortement.

Un climat glacé sur les droits de la femme…

De l’Alabama en passant par la Géorgie, le Texas ou encore le Missouri, on compte 300 nouvelles règles concernant l’avortement aux Etats-Unis proposées depuis janvier 2019. Si les Etats-Unis n’ont jamais été les meilleurs élèves en ce qui concerne l’effectivité des droits féminins, aujourd’hui, cela prend un nouveau tournant : ils reculent.

Malgré les nombreux combats menés récemment (Women’s March, mouvement #MeToo, …), les gouvernants des états conservateurs prouvent que rien n’est acquis et instaurent petit à petit un climat masculiniste en adoptant des règles qui n’avaient pas été aussi restrictives en ce qui concerne l’interruption volontaire de grossesse (IVG) depuis son autorisation officielle en 1973.

… Mis en place par des hommes

En Alabama, ce sont 25 hommes blancs d’une cinquantaine d’années qui ont décidé du sort du corps des femmes lors d’une grossesse non voulue, sans aucune exception, même dans les cas avérés de viol ou d’inceste. L’avortement est présenté comme un « danger pour la mère » or, les conséquences seraient désastreuses si la loi passait : ce sont les techniques pour le rendre possible s’il est illégal qui représentent un vrai danger pour la santé des femmes. Chaque femme qui voudrait avorter serait jugée comme une criminelle puisque l’acte serait considéré comme un homicide. De la même manière, un médecin qui pratiquerait l’avortement serait lui passible de 99 ans de prison. Certains états vont encore plus loin : au Texas, l’avortement peut conduire à la peine de mort. Ce qui peut sembler assez paradoxal pour des gouvernants se revendiquant « pro-vie » lorsqu’ils prennent ces décisions sur l’avortement… Le président des Etats-Unis, Donald Trump, n’hésite pas lui aussi à ouvertement affirmer qu’il est « opposé à l’avortement ».

Une vague d’indignation s’est emparée des réseaux sociaux et des rues, reprenant une phrase culte du personnage Rachel dans la série Friends : « pas d’utérus, pas d’avis ! », ainsi qu’un message simple et fort « les hommes ne devraient pas faire des lois sur le corps des femmes ».

 

Photo prise lors d’une manifestation en Californie, le 21 mai 2019. AFP / Robyn Beck

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche dans les rues de plusieurs villes de l’Alabama, aux États-Unis, contre l’adoption de la loi la plus restrictive du pays en matière d’avortement. | MICHAEL SPOONEYBARGER / REUTERS

 

Un mois après, quels avancements ?

A ce stade ces lois ont seulement été proposées par les Etats fédéraux. Elles sont encore à l’étude à la Cour Suprême, qui a la possibilité de les juger inconstitutionnelles (car en contradiction avec l’arrêt Roe v. Wade de 1973) et de les invalider. Même si cinq des neuf juges de la Cour sont conservateurs et « pro-vie », tout espoir n’est pas perdu.

Des voix s’élèvent aussi pour protéger les droits des femmes : en Illinois, le gouverneur J.B. Pritzer a signé le 13 juin 2019 un projet de loi visant à protéger les droits reproductifs. Le Reproductive Health Act stipule que pouvoir « prendre des décisions de manière anonyme pour sa propre santé reproductive » est un droit fondamental.

Malgré tout, l’engouement médiatique autour de ces propositions de loi archaïques porte préjudice aux femmes qui se trouvent criminalisées et culpabilisées par l’opinion publique pour le simple fait de vouloir disposer de leur propre corps. La guerre entre les pro-vie et les pro-choix devient de plus en plus virulente. Devant les quelques cliniques d’avortement encore existantes, les deux corps de bénévoles ne cessent de s’affronter : les pro-choix tentent d’accompagner les femmes jusqu’à l’intérieur, les pro-vie fichés devant l’entrée tentent de les dissuader via des photos et des slogans culpabilisants.

Les Etats-Unis, auto-proclamés « leader du monde libre », sont touchés par un recul des droits des femmes et de leur place dans la société. Mais rien n’est acquis en France non plus : comme l’a fait remarquer Marlène Schiappa, l’avortement est « en danger partout » puisqu’en juillet 2018, l’Assemblée Nationale a rejeté l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution…

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